Tchernobyl, le monde d’après
32 ans après, la situation sanitaire dans les territoires les plus touchés
par la catastrophe de Tchernobyl continue d’empirer
Le nouveau film de Yves Lenoir et Marc Petitjean, « Tchernobyl, le monde d’après », nous le rappelle : la catastrophe de Tchernobyl n’est pas figée. C’est un arbre qui pousse.
« De nouvelles données recueillies dans la région de Minsk, à 475 km de Tchernobyl, révèlent que les malformations cardiaques congénitales dans la population enfantine sont de 10 à 20 fois plus fréquentes que la normale et que le nombre d’enfants rendus invalides par une maladie cardiaque y a doublé entre 2014 et 2017. À Stolyn, à 200 km de Tchernobyl, 60 % des femmes en âge d’enfanter et plus de 84 % des femmes enceintes ont une pathologie. La naissance d’un enfant en parfaite santé est un événement rare, 90 % des nouveaux-nés souffrent de maladies ». (extraits du Bulletin de mars 2018 l’association Enfants de Tchernobyl Belarus).
« L’impact sanitaire du nucléaire est d’autant plus destructeur et violent que l’on remonte le cours de la vie. Plus on va vers l’enfance, la vie prénatale, le temps de la procréation et le capital génétique qui précède la procréation, et plus l’impact est virulent et destructeur. Des atteintes qui deviendront parfois héréditaires. Non seulement le nucléaire atteint des personnes vivantes, mais il est en train de détruire la vie des prochaines générations. On dirait qu’on va vers ça en toute inconscience, on laisse faire. On est en train de détruire la vie de nos enfants, de nos petits enfants, sans réaction ». (Nicole Roelens, « Pourquoi les peuples laissent-ils s’accomplir le crime nucléaire contre les prochaines générations ? »)
« La hiérarchie quant au contrôle de l’exposition aux radiations est simple : la science de l’UNSCEAR (Comité scientifique des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements atomiques) au sommet, puis, juste en dessous, les recommandations de la CIPR (Commission internationale de protection radiologique), fondées sur la-dite science, les institutions “opérantes” en troisième position (AIEA, EURATOM etc), et en dernier lieu les législations nationales qui adaptent à leur niveau les recommandations de la CIPR, éventuellement filtrées par des organes supra-nationaux ». (Yves Lenoir, « L’ONU et ses organes, des institutions de et pour l’âge atomique»)
« Les normes de radioprotection protègent plus l’industrie nucléaire que la santé des populations et des travailleurs. Le modèle CIPR, qui sert de base à la législation européenne en vigueur, est grossièrement insuffisant et scientifiquement obsolète. Il est nécessaire de refonder le système international de radioprotection ». (Paul Lannoye, « La radioprotection doit être refondée, ses bases scientifiques sont erronées »).
Les pathologies observées sur le terrain en Belarus par les medecins de l’Institut Belrad viennent totalement invalider les schémas officiels retenus par les organismes internationaux en charge de la radioprotection. Ces organismes de l’ONU ou affiliés orchestrent en dehors de tout contrôle démocratique le déni sur les effets sanitaires de la radioactivité – jusqu’à prendre en main le contrôle de la radioprotection et de l’information en cas de catastrophe à travers les programmes Ethos et Core, à Tchernobyl puis Fukushima.
La Charte fondatrice de l’ONU débute par ces mots : « Nous, peuples des Nations unies, résolus à préserver les générations futures… ». Or il faut bien reconnaître que l’ONU déroge à ses principes pour ce qui est de la protection radiologique des peuples qu’elle est censée représenter.
Les contaminations radiologiques étant transnationales, c’est bien des peuples du monde que doit venir le sursaut. Notre responsabilité est là : reprendre en main le système de radioprotection, ou sacrifier les générations futures.
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Cet article fait suite au travail de l’atelier « Libérer l’ONU du nucléaire » qui s’est tenu lors du Forum Social Mondial Antinucléaire le 3 novembre 2017 à Paris. Un grand nombre de sources, documents et réflexions, réunis et compilés à cette occasion, ont fait l’objet d’un dossier consultable en ligne.
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